Faites valoir vos compétences et expériences pour combler un déficit sur le marché.

Je suis née et j’ai grandi en Tanzanie, et ma passion pour l'aviation est née dans un petit aéroport à Kigoma, sur les rives du lac Tanganyika. Quand j’avais quatre ans, mes parents et mes petits frères et sœurs sont se envolés pour Dar es Salaam, me laissant derrière eux à la maison avec ma grand-mère. Je n’ai pas pleuré en voyant l’avion décoller. Plutôt, je me suis mise à espérer pouvoir conduire l'avion moi-même, pour qu’à l’avenir mes parents ne partent plus jamais sans moi.

Aujourd'hui, je dirige ma propre entreprise à l’Aéroport international de Dar es Salam. Depuis 2002, VIA Aviation, autrefois dénommée Tanzanite Jet Centre, fournit des services au sol tels que le ravitaillement, la restauration, le nettoyage et la logistique, en Tanzanie. VIA a été la première structure à offrir de tels services en Tanzanie mais aussi dans l’Afrique de l'Est toute entière.

Le parcours a été long pour en arriver jusque-là. Ma sœur étudiait à l'université aux États-Unis. Une fois mon cursus scolaire achevé en Tanzanie, je suis partie au Michigan pour suivre une formation en tant que pilote, recevant ainsi mon premier cours de pilotage à l’âge de 19 ans. Au début, mes lacunes en anglais constituaient un obstacle qui m’empêchait de bien communiquer avec la tour de contrôle. Je ne pouvais donc pas effectuer des vols en solo. Mon moniteur m’a alors proposé d'améliorer mon anglais à l’oral, avant de revenir réessayer une nouvelle fois. Puis, pendant que j’étudiais l'anglais, je me suis inscrite parallèlement à un programme d'entretien des avions dans une université, pour en apprendre davantage sur les systèmes de bord. A la fin de la formation, j’avais rempli toutes les conditions requises pour décrocher la certification au titre de technicienne aéromobilité cellule et moteur, délivrée par l’Administration Fédérale Américaine de l’Aviation (FAA).

Sans l’avoir planifié, je suis devenue ainsi technicienne d'entretien d'avions, ce qui m'a permis de travailler en même temps que je terminais mes études de pilote de ligne. Pour garder mon visa d'étudiant, je devais prendre plus de cours, je me suis donc inscrite dans un programme en vue d’obtenir un diplôme en gestion de la navigation aérienne.

J’aspirai devenir une pilote professionnelle pour une importante compagnie aérienne américaine, mais j’ai terminé ma formation de pilote de ligne à peu près à la même période que les événements du 11 Septembre 2001. Les attentats terroristes effroyables qui ont eu lieu ce jour-là ont secoué toute l'industrie de l'aviation, et le marché du travail pour les pilotes était en crise. Avec mon visa d'étudiant qui allait bientôt expirer, il me fallait impérativement mettre en place un «plan B». C’est alors que j’ai décidé de revenir en Tanzanie et créer ma propre entreprise.

VIA Aviation fournit des services essentiels qui contribuent à la croissance d'autres structures à travers le continent. Vu que de nombreux pays africains connaissent une croissance rapide, le manque d'infrastructures routières et ferroviaires de bonne qualité est devenu un problème majeur. Il est quasiment impossible de voyager par la route entre de nombreuses grandes villes – et il est très difficile parfois d’aller d’une ville à une autre dans un même pays! Et pourtant, les Africains contrôlent seulement 20% du trafic aérien sur tout le continent. Cela signifie que les voyageurs doivent souvent aller jusqu’en Europe ou au Moyen-Orient pour rallier un autre pays africain. Ceci est un gaspillage de temps coûteux, puisque l'économie africaine continue de croître. Cette situation n’est pas acceptable aux yeux des hommes d’affaires; de plus en plus de chefs d'entreprise affrètent des avions privés. C’est là où mon entreprise entre en jeu - en fournissant des services de professionnels et de haute qualité aux avions privés. VIA Aviation répond à un besoin grandissant du marché. A présent, nous avons un chiffre d’affaires de plus de 2 millions de dollars, et je projette de développer encore plus l’entreprise en m’implantant dans plus de 20 pays à travers le continent africain.

Une décision clé que j’ai prise était que VIA Aviation deviendrait la première entreprise en Afrique de l'Est à accepter les cartes de crédit spécialement conçues pour l'aviation (telles que Avcard, Colt, MultiService et UVair) ainsi que Visa et MasterCard. 90% des transactions de VIA sont électroniques, éradiquant ainsi la corruption, et supprimant la nécessité pour les voyageurs de transporter d’importantes sommes d'argent pour payer la surcharge de carburant.

En tant que femme d’affaires, dans un secteur dominé par les hommes, j’ai rencontré ma part d’obstacles ; allant des dirigeants de l'aéroport qui m’ont bloqué l’accès à l'avion sur lequel je travaillais, aux clients devant qui je devais faire mes preuves. J’ai également eu à traiter avec des fonctionnaires corrompus, qui exigent à ce qu’on leur verse des pots de vin pour accomplir les tâches les plus simples. A chaque fois que j’étais face à de telles situations difficiles, mon approche était toujours la même: rester confiante et honnête. J’ai confiance en mon entreprise, et je crois aux avantages que nous apportons aux clients et au gouvernement tanzanien.

En tant que femme entrepreneure qui a réussi son pari, je reconnais que j’ai la responsabilité de soutenir celles qui suivront mes pas, et d’aider la communauté.

Questions au lecteur:

1. Quelles sont vos compétences linguistiques? Avez-vous besoin d'apprendre une nouvelle langue ou renforcer vos aptitudes dans une langue que vous connaissez déjà pour renforcer votre développement personnel et améliorer la croissance de votre entreprise?

2. Avez-vous identifié des déficits sur le marché, qui pourraient être comblés en utilisant vos compétences et expériences?

3. Des services similaires pourraient-ils être suggérés à votre entreprise pour vous aider à acquérir plus de clients pour votre entreprise ?